On savait Philippe Duchemin passionné par l'héritage d'Oscar Peterson qu'il revisite à longueur d'années avec talent. On savait moins sa passion pour la musique classique… mais lorsque l'on maîtrise le vocabulaire du pianiste canadien, on n'en est jamais loin.
Le festival en mars de Tarnos lui commanda un programme qui fut créé lors de la dernière édition, le 10 mars. Le lendemain, trio et quatuor franchissaient l'Adour pour se rendre au studio Amanita d'Anglet.
En une journée tout était plié, signe d'une affaire préparée avec soin et d'une écriture pleine de naturel, sans être nullement paresseuse. Les références sont nombreuses du Bach de Take Bach, auteur avec lequel Philippe Duchemin semble avoir quelques affinités, au Tchaïkovski de la Barcarolle de Juin (tirée des Saisons et qui réhabilite d'une manière inattendue un répertoire pour piano du compositeur russe quelque peu oublié). Caravan mêle des clins d'oeil à la nouba araboandalouse, au Boléro de Ravel et aux Gnossiennes de Satie. Sur Cantabile de Michel Petrucciani, les cordes pourraient avoir été écrites par George Martin pour les Beatles, Que reste-t'il de nos amours prend des allures de schubertiade, Ballade en Pologne lorgne du côté de Chopin (non sans revenir à Bach avec quelques pas dans les traces de John Lewis). Les frères Le Van font swinguer tout ça avec le savoir faire qu'on leur connaît. Et Philippe Duchemin conclut avec l'Impossible de son idole Peterson où se cristallisent idéalement les aspirations du jazz et du classique à se parler. Alfred Sordoillet